Algopack fabrique du plastique bio avec des algues

Le breton Rémy Lucas a mis au point un plastique 100 % biodégradable, à partir d'algues marines. Invité au Big Bang des Possibles, il sera ce soir à Angers pour évoquer son parcours. 

 

Des algues qui deviennent plastique, comment est-ce possible ?

Je ne peux pas révéler les secrets de fabrication. Ma société Algopack est la seule dans le monde à produire cette matière. Pour faire simple, nous utilisons des algues brunes présentes localement (autour de Saint-Malo par exemple). Ce qui évite d'importer des variétés qui pourraient présenter un risque pour la biodiversité. Ensuite, nous transformons l'algue grâce à un procédé mécanique et thermique. Tous les éléments qui entrent dans la composition sont végétaux. Il n'y a aucun produit chimique.

Et le résultat est similaire au plastique classique issu du pétrole ?

Pour les industriels, cela ne change rien. Ils n'ont pas besoin d'acquérir de nouvelles machines. L'apparence du produit fini diffère un peu, on voit que c'est de l'algue.Si le client le souhaite, il est même possible de lui laisser une légère odeur. Mais surtout, notre plastique se dégrade en douze semaines, contre 250 ans pour le plastique classique.

Comment vous est venu l'idée d'un plastique à base d'algues ?

Je suis ingénieur de formation. J'ai travaillé dans le plastique pendant quinze ans. En même temps, je suis issu d'une famille de goémoniers. J'ai voulu concilier les deux. À un moment, sachant que plus de 200 kg de plastique sont rejetés en mer chaque minute dans le monde, il me semblait nécessaire de m'impliquer. Aujourd'hui, une sorte de septième continent s'est formée, entièrement constitué de déchets plastiques. Si un océan meurt, c'est l'être humain qui meurt aussi.

Il existe déjà d'autres biomatériaux, à base d'amidon. Pourquoi leur préférer le vôtre ?

Les autres biomatériaux sont souvent issus du maïs ou du blé. Cela signifie que, pour les produire, on empiète sur des ressources locales. L'algue nécessite peu de surface, peu d'eau, pas de pesticides et est même bénéfique pour l'environnement marin.

Pour l'instant, nous produisons l'algue sur 12 ha. Nous sommes en train de passer à 150 ha, ce qui permettra de produire chaque année 1 500 t.

Quels débouchés pour votre plastique bio ?

Techniquement, nous serions en mesure de remplacer 10 % des produits plastiques existants. Mais ce n'est qu'un début. Le plastique a mis 50 ans à se développer, j'ai commencé mes recherches dans mon garage en 2000. D'ores et déjà, notre plastique sert à fabriquer des seaux, des mugs, des pots à bougies... Les perspectives sont larges. Pour l'instant, je ne peux rien dire, mais des partenariats sont en cours. L'année prochaine, des clés USB et certains téléphones portables seront fabriqués à partir de notre plastique.

On s'apprête donc à passer du statut de start-up à celui d'industriel. À terme, il y aura encore d'autres possibilités, notamment dans les cosmétiques.

Source : http://www.entreprises.ouest-france.fr/article/angers-il-fabrique-plastique-bio-algues-17-03-2015-200676