L'usine marémotrice de la Rance se refait une jeunesse

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La production annuelle de l'usine marémotrice de la Rance

alimente les besoins résidentiels de 225.000 habitants - . Photo REA

 

Le site de production unique au monde, propriété de l'Etat, investit 100 millions d'euros. Objectif : rénover les 24 groupes qui exploitent les flux des marées.

Entre les villes de Saint-Malo et de Dinard, qui s'ouvrent sur la Manche, le barrage de la Rance utilise la force des marées pour produire de l'électricité. La production annuelle de l'usine marémotrice, dont la technologie reste unique au monde depuis sa création il y a cinquante ans cette année, alimente les besoins résidentiels de 225.000 habitants, ce qui correspond à la population de la ville voisine de Rennes. 100 millions d'euros sur une décennie - achèvement en 2025 - sont en cours d'investissement par EDF pour rénover une partie des 24 groupes de type bulbe d'une capacité de 10.000 kW chacun qui produisent l'énergie deux fois par jour, en fonction de la variation des marées.

 

L'avantage de cette énergie renouvelable est d'être prédictible puisque EDF connaît à l'avance les hauteurs de niveau d'eau de cette usine qui appartient à l'Etat. « La concession a été confiée à EDF jusqu'en 2043 », indique Michael Allali, le directeur du site régulièrement visitée par des délégations étrangères intriguées par ce barrage long de 750 mètres. L'usine vend l'électricité produite « sur le marché de gros, les prix sont actuellement bas », continue le directeur qui doit faire face à de sérieuses oppositions environnementales.

 

Désenvasement à l'étude

Germaine Guilloux, la présidente de l'association Rance Environnement se bagarre depuis des années pour obtenir le désenvasement de l'estuaire. Chaque année, 50.000 m3 de sédiments se déposent dans la Rance. « Nous sommes persuadés que le fonctionnement de l'usine marémotrice influe sur l'écosystème de la Rance maritime », explique-t-elle. Rance Environnement demande à EDF de retirer de l'ordre de 100.000 m3 de sédiments par an pour un coût moyen de l'ordre de 2 millions d'euros. Le groupe traîne des pieds, considérant que l'envasement du fleuve est naturel. « Tous les estuaires des côtes bretonnes sont confrontés au même problème », indique Michael Allali.

 

Le ministère de l'Ecologie a mandaté une expertise auprès du CGEDD, Conseil général de l'environnement et du développement durable, afin de déterminer le coût de la mise en place d'un plan de traitement des sédiments. Ses conclusions sont attendues d'ici à quelques semaines. « Si rien n'est fait l'estuaire sera condamné », insiste la présidente de Rance Environnement.

Chaque jour, le barrage accueille entre 30.000 et 60.000 véhicules qui circulent de part et d'autre de l'ouvrage. Un important trafic stoppé quasiment toutes les heures du jour pendant plusieurs minutes par l'éclusage des bateaux qui veulent passer de la Rance vers la Manche ou inversement. Il a été un moment envisagé la création d'un ouvrage routier, moyennant péage, qui aurait surmonté les écluses pour éviter l'arrêt régulier de la circulation. Les riverains ont immédiatement refusé ce projet.

Stanislas du Guerny, Les Echos Correspondant à Rennes.

Source : http://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/0211589981506-energie-lusine-maremotrice-de-la-rance-se-refait-une-jeunesse-2053858.php#xtor=RSS-41