La nouvelle vague des microbarrages

 Les microcentrales hydroélectriques regroupent les installations produisant moins de 4,5 mégawatts.

- SEBASTIEN BOZON/AFP

Des PME du solaire et de l’éolien investissent dans les petites centrales hydroélectriques, revalorisées par un tarif d’achat avantageux.

A la fin de l'été, Quadran va démarrer la construction de deux microcentrales hydroélectriques dans les Alpes, qui viendront bientôt s'ajouter à son portefeuille de six installations en exploitation et d'une unité en construction.

Un portefeuille destiné à croître : fin avril, l'entreprise a remporté cinq des quinze projets du premier appel d'offres (dont trois avec Voies navigables de France) organisé par le ministère de l'Energie pour développer la petite hydroélectricité.

« A l'origine, la petite hydroélectricité était un marché de "producteurs autonomes", des anciens ingénieurs ou des gens dont les parents avaient un moulin. Mais depuis quelques années, des entreprises comme nous s'y intéressent », explique Lionel Foulquier, en charge de cette activité au sein de la PME en passe d'être rachetée par Direct Energie.

 

Nouveau cadre économique

Le regain d'intérêt pour la « petite hydro » (moins de 4,5 mégawatts par installation) est d'abord lié à un nouveau cadre économique : comme dans les appels d'offres solaires ou éoliens, les lauréats ont obtenu des contrats d'achat de leur production sur vingt ans, avec un complément de rémunération qui leur assurera de 100 à 150 euros par mégawattheure. Ces dix dernières années, les centrales bénéficiaient d'un tarif d'achat de l'électricité produite (dit « H07 »), mais en contrepartie de travaux de rénovation. Le prix d'achat des centrales existantes représente aujourd'hui dix à douze fois le chiffre d'affaires annuel (qui peut tourner autour de 1 million d'euros).

On a besoin d'énergies renouvelables moins intermittentes.

« L'hydro avait été mise de côté face aux contraintes environnementales, mais on a besoin d'énergies renouvelables moins intermittentes, donc c'est redevenu un axe stratégique important », explique de son côté Antoine Poisson, responsable de l'activité hydroélectrique chez Valorem, qui a décroché un projet fin avril. « On ne faisait que du conseil pour le compte de propriétaires privés. Depuis quatre ans, notre objectif est d'être propriétaire des actifs et de les exploiter ».

 

EDF dans la course

La PME, qui exploite une petite centrale et en construit deux autres, travaille sur un portefeuille de projets de 10 mégawatts. « Tant que nous avons des contrats d'achat, le mix de production entre le solaire et l'éolien n'est pas très important. Mais quand on devra vendre l'électricité sur le marché, il sera bon pour nous d'avoir un mix diversifié », renchérit Sébastien Clerc, de Voltalia, qui s'est initialement développé en Guyane. Quand le solaire produit 1.300 heures par an et l'éolien 2.500, l'hydroélectricité est présente 3.000 à 5.000 heures par an, estime Quadran. La visibilité est aussi un atout pour ces PME : le premier appel d'offres a octroyé 27 MW de projets, et les prochains en prévoient 105 MW sur trois ans. Les offres doivent être remises d'ici début 2018, pour une annonce des projets retenus prévue au printemps.

EDF, qui détient 80 % des capacités hydroélectriques en France (soit 20.000 mégawatts), via les concessions sur les grands barrages, ne néglige pas non plus la « pico-hydro ». Il a remporté, via sa filiale Shema, deux des quinze projets lauréats, qui viendront s'ajouter à ses quelque 600 mégawatts d'installations d'une puissance inférieure à 4,5 mégawatts. « La compétition se joue aujourd'hui sur la capacité à trouver de bons sites et à bien les équiper pour trouver sa rentabilité », explique Yves Giraud, directeur de la division production hydraulique à EDF, qui veut développer davantage cette activité à l'international.

Véronique Le Billon
source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/030450847366-la-nouvelle-vague-des-microbarrages-2102465.php#xtor=RSS41