Toulouse : un réseau de chaud et de froid alimenté à 100% par des déchets

La métropole de Toulouse a inauguré jeudi 7 septembre 2017, un nouveau réseau de chaud et de froid unique en France dans le quartier de la Cartoucherie.

Alimenté à 100% par la combustion de déchets, ce réseau achemine l’eau chaude dans des canalisations jusqu’à des sous-stations qui peuvent en fonction des besoins, transformer par absorption cette eau chaude en eau froide, et offrir aussi bien de la chaleur l’hiver que de la fraîcheur l’été.

Destinés à exploiter l’énergie générée par la combustion des déchets pour alimenter des bâtiments publics ou des logements collectifs, les réseaux de chaleur et de froid se développent de plus en plus dans les grandes agglomérations françaises. On en compte désormais plus de 670 dans l’Hexagone dont 650 réseaux de chaleur et une vingtaine de réseaux de froid. Les réseaux combinant les deux sont pour le moment assez rares. Ils répondent à des besoins bien spécifiques dans des quartiers tertiaires et résidentiels qui présentent un équilibre entre les besoins de chaud et de froid.

 

A Toulouse, après Bellefontaine et Bagatelle, le quartier de la Cartoucherie dans l’ouest de la ville a lui aussi inauguré cette semaine son nouveau réseau de chaleur et de froid renouvelable. En service depuis le 15 mai 2017, ce réseau chauffe et climatise les 12.000 m3 d’un pôle régional de formation et 7.000 m3 de bureaux. Il doit être étendu à 54.000 m3 d’ici 2025. « Il s’agit du premier réseau de froid, en France, alimenté à 100% par la valorisation énergétique des déchets, les autres réseaux de froid étant alimentés »à 95% » par de l’électricité, explique dans un communiqué le groupe Eneriance à l’origine du projet.

 

Mis en œuvre pour un coût de 2,7 millions d’euros (financé à hauteur de 512.000 euros par l’Ademe), ce projet permet d’avoir recours aux énergies locales renouvelables et de récupération, de faire bénéficier les utilisateurs d’un tarif compétitif et de lutter contre la précarité énergétique. Enfin, en comparaison à une alimentation électrique plus traditionnelle, ce système permettra d’éviter à terme les émissions de 57 tonnes de CO2 par an pour le froid et 1.512 tonnes de CO2 pour le chauffage.

source : http://lenergeek.com/2017/09/11/toulouse-reseau-chaud-froid-dechets/

Les réseaux de chaleur, également appelés réseaux de chauffages urbains, sont des installations qui distribuent de la chaleur issue d’une chaufferie à plusieurs utilisateurs, grâce à un ensemble de canalisations de transport. Systèmes utilisés à l’échelle urbaine, ils se sont développés en France après les années 50 et desservent aujourd’hui près plus de 2,13 millions d’équivalents-logements (dont les deux tiers sont issus du secteur résidentiel). S’ils sont aujourd’hui alimentés à près de 50% par les énergies renouvelables, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé pour objectif de multiplier par 5 la quantité d’énergies renouvelables livrées par ces équipements. Toulouse Métropole a annoncé le 7 septembre avoir inauguré le premier réseau français de chaleur alimenté à 100% par les ENR.

Un réseau alimenté par la valorisation énergétique des déchets

C’est au cœur du nouvel écoquartier de la Cartoucherie, en cours de développement dans l’ouest de Toulouse, qu’a été inauguré le 7 septembre un réseau de froid alimenté à 100% par la valorisation énergétique des déchets. La cérémonie a réuni Jean-Luc Moudenc (maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole), Yves Lederer (Président du Groupe Coriance, spécialisé dans les réseaux de chaleur alimentés par les énergies renouvelables) et Michel Peyron (Directeur régional de l’ADEME Occitanie).

S’il aura fallu attendre cette rentrée de septembre pour qu’il soit officiellement inauguré, ce réseau est actif depuis le 15 mai dernier. Il produit depuis cette date de la chaleur et du froid grâce aux déchets traités dans l’usine d’incinération du Mirail. À l’heure actuelle, ce sont les 12.000 mètres carrés du Pôle Régional d’Enseignement et de formation aux Métiers de la Santé et les 7.000 mètres carrés de bureaux qui profitent de sa production.

« La société Eneriance, filiale à 100% du Groupe Coriance, assure la gestion et l’exploitation du réseau de chaleur et de froid. Après cette première étape de mise en service du réseau de froid, une deuxième permettra d’alimenter 54.000 m² supplémentaires de bureaux à l’horizon 2025 », peut-on lire dans un communiqué officiel publié conjointement par Eneriance et Toulouse Métropole.

Générer du froid avec du chaud

Ce nouveau dispositif est constitué de 5 kilomètres de réseau et de 7 sous-stations, en charge d’acheminer annuellement 4.000 MWh de chaleur, issus de l’incinération de 275.000 tonnes de déchets ménagers et industriels banals au Mirail. Cette énergie thermique est acheminée sous forme d’eau chaude jusqu’à la Cartoucherie, où un échangeur de chaleur permet de la distribuer aux émetteurs de chauffage (radiateurs, planchers chauffants…) et aux points de puisage d’eau sanitaire (lavabos, douches…).

« Pour passer de la chaleur au froid distribué aux abonnés [en été, lorsque les besoins de climatisation sont plus importants, ndlr] ,des technologies d’absorption sont utilisées pour produire en sous-station de l’eau glacée alimentant les réseaux de climatisation dans les bâtiments. Actuellement, 3 sous-stations dans le quartier de La Cartoucherie de Toulouse permettent donc de passer du chaud au froid ».

Ce réseau va permettre d’éviter l’émission de 57 tonnes de dioxyde de carbone chaque été (en comparaison à un système de climatisation électrique) et de 1.152 tonnes de CO2 chaque hiver.

Le premier réseau de froid 100% renouvelable de France

Le projet représente au total un investissement de 2,7 millions d’euros. Il a été sélectionné par l’ADEME dans le cadre de l’appel à projets « AAP froid », qui visait à favoriser le développement de système de production de froid sur source de chaleur issue d’énergies renouvelables. Il a bénéficié d’un financement de 512.000 euros de l’ADEME Occitanie.

Selon ses promoteurs, ce réseau constitue une grande première en France. « Il s’agit du 1er réseau de froid, en France, alimenté à 100% par la valorisation énergétique des déchets, les autres réseaux de froid étant alimentés à 95% par de l’électricité« , explique le communiqué de la collectivité et de l’opérateur du réseau.

Selon Guillaume Planchot, Président de Via Séva (association réunissant les entreprises du secteur comme Dalkia, filiale d’EDF, Cofely, filiale d’Engie, Coriance et Idex), les réseaux de froid sont peu nombreux en France. S’il existe plus 650 réseaux de chaleur, on compte seulement une vingtaine de réseaux de froid. Quant aux réseaux combinant chaud et froid qui « s’adressent à des quartiers tertiaires et résidentiels, avec un équilibre entre les besoins de chaud et de froid », on en dénombre moins d’une dizaine. Mais les municipalités se montrent de plus en plus intéressées : des projets de ce type sont terminés dans le quartier de La Défense et à Boulogne-Billancourt alors que d’autre ont été lancés à Montpellier, à Lyon, à Bordeaux et à Paris-Saclay.

source : http://www.lemondedelenergie.com/toulouse-reseau-chaleur-renouvelable/2017/09/14/