Un incinérateur de déchets va faire rouler des voitures à hydrogène

Ce sera une première en Europe : des voitures rouleront à l'hydrogène grâce à l'incinérateur de déchets de Créteil. Suez et Tiru vont moderniser le site et l'opérer via un contrat de 900 millions d'euros sur vingt ans.
A partir de 2023, l'incinérateur de Créteil récupérera 345.000 tonnes de déchets, soit 50 % de plus qu'aujourd'hui, et l'électricité produite sera utilisée en partie pour fabriquer de l'hydrogène, destiné à des véhicules légers.

La modernisation de l'incinérateur de déchets de Créteil va ménager quelques surprises. Le nouveau contrat de 900 millions d'euros sur vingt ans, remporté par  Suez et Tiru (filiale d'EDF) pour moderniser et opérer l'incinérateur de Créteil qu'ils opèrent depuis 1988, comprend en effet la production d'hydrogène. « C'est une première en Europe, en partenariat avec Air Liquide », explique Philippe Maillard, directeur général recyclage et valorisation France chez Suez.

Une partie de l'électricité produite grâce à l'incinération des déchets sera utilisée pour fabriquer de l'hydrogène, par électrolyse de l'eau (H2O). L'électrolyse la scinde en ses deux composantes de base : l'hydrogène (H) et l'oxygène (O2). L'oxygène sera revendu et l'hydrogène « alimentera une flotte de véhicules légers, de type taxis ou flotte de véhicules de la commune, cela reste à déterminer », poursuit le dirigeant.

Alimenter une flotte de véhicules légers

Pour cela, il faut d'abord produire de l'électricité. Et de la chaleur, afin d'alimenter le réseau de chaleur urbain de la ville de Créteil. C'est l'objet principal du site. Moyennant 130 millions d'euros d'investissements des deux concessionnaires, une nouvelle ligne d'incinération va être construite et celle déjà en fonctionnement sera modernisée. De nouveaux filtres à fumée seront aussi ajoutés.

« Le site produit actuellement 77 gigawatts heures (GWh) par an d'électricité à partir des déchets et 92 GWh de chaleur. Sa capacité va être portée à 80 GWh d'électricité et 346 GWh de chaleur par an à partir de 2023, quand il sera en régime de croisière », explique Barthélemy Fourment, directeur développement de Tiru. Le site récupérera pour cela 345.000 tonnes de déchets ménagers et professionnels, contre 225.000 tonnes aujourd'hui.

Cela permettra « d'une part d'accompagner le développement du réseau de chaleur de Créteil à compter de 2020, et d'autre part de fournir aux communes adhérentes au SMITDUVM [le syndicat mixte de traitement des déchets urbains du Val-de-Marne, NDLR] une électricité verte au prix de l'électricité normale », expliquent Suez et Tiru.

Par ailleurs, il sera installé en 2019 un « puits de carbone », où des microalgues logées dans une colonne d'eau « mangent » le CO2 de l'air ambiant et « recrachent » de l'oxygène. Suez en a déjà deux en test depuis l'été 2017, l'un à Paris (dans le quartier d'Alésia), l'autre à sa station d'épuration de Colombes. Celui de Créteil sera le troisième.

Au passage, le contrat prévoit de créer des emplois locaux d'insertion. La modernisation de l'incinérateur s'accompagnera donc de la construction, sur un terrain mitoyen, d'une serre d'agriculture urbaine de 4.500 m² dont l'incinération des déchets assurera le chauffage. La serre produira des tomates distribuées en circuit court, ce qui générera six emplois.

source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/0301038542280-un-incinerateur-de-dechets-va-faire-rouler-des-voitures-a-hydrogene-2139387.php